Grève des éboueurs à Marseille : la Métropole demande au préfet de réquisitionner les agents
Par G.G.
Ici, des poubelles trainent sur le trottoir dans le 8e arrondissement de Marseille.
Photo Frédéric Speich
Marseille
Depuis le 30 avril, une grande partie des agents de la collecte des ordures ménagères et de la propreté des 4e et 5e arrondissements de Marseille est en grève. Un mouvement qui s'est ensuite étendu dans les 6e, 8e, 9e, 10e, 11e, 12e et 13e arrondissements. Ce dimanche, la Métropole alerte.
Alors que les effets de la grève de la collecte des ordures se font déjà sentir dans tous les secteurs de la ville où les sacs-poubelle jonchent les alentours des bennes, la Métropole entend stopper le mouvement initié par la CGT (4e syndicat à la Métropole) pour protester contre la réorganisation du ramassage. Cette réforme passe mal chez des "agents à bout", précise Véronique Dolot de la CGT, qui, depuis mardi dernier, ont rejoint le mouvement commencé dans les 4e et 5e arrondissements.
Tandis que l’institution en charge de la collecte et du traitement des déchets ménagers a fait savoir ce dimanche soir qu’elle "a sollicité l’appui des forces de l’ordre pour mettre un terme à d’éventuelles pratiques illégales liées à ce mouvement de grève : barrages sur la voie publique et troubles à l’ordre public", la syndicaliste estime que la demande de la Métropole de réquisition des agents grévistes au préfet vient "jeter de l’huile sur le feu". Une "provocation", complète également Abdel, rippeur des 4e et 5e arrondissements, précisant qu’il n’est pas syndiqué : "On a jamais vu ça aussi vite ! Ils veulent étouffer la chose mais ça entrave notre droit de grève."
À l’approche du 8 mai, 150 000 personnes sont attendues à Marseille pour accueillir la flamme olympique, parmi lesquelles de nombreuses personnalités dont le président de la République, et les montagnes d’ordures qui fleurissent sur les trottoirs ternissent la carte postale. C’est avec une fébrilité certaine que Jean-Yves Sayag, conseiller métropolitain délégué à la propreté rappelle "l’importance de cet événement… et l’on fait tout pour que ce soit une réussite totale". "Nous appelons la CGT à être raisonnable et responsable. Reprendre le travail, c’est une question d’hygiène et de salubrité", poursuit-il en affirmant mobiliser de nombreux moyens et sans toutefois annoncer de rencontre avec les syndicats.
"Arrêtez cette mascarade"
Véronique Dolot, elle, ne décolère pas : "C’est pour salir la CGT qui est ici un bouc émissaire alors que la grève s’est répandue toute seule et que les agents ne bloquent pas les centres de transferts. La Métropole méprise les agents de collecte et ne leur accorde pas le droit d’être gréviste". "Elle cherche à minimiser le mouvement alors qu’il n’y a que peu de gens encartés, aucun cagoulé", abonde Abdel avant d’en revenir aux raisons de son mécontentement. Ces "disparités" sur la question des primes et du temps de travail qui cristallisent les revendications : "Avec le même employeur on a moins d’avantages qu’à Aubagne, Istres ou Martigues", déplore-t-il.
"Ils demandent à être payés comme les autres, ça fait des mois qu’on le dit mais on a zéro proposition. On n’a pas pu discuter ni de cette réorganisation désorganisée de la collecte, ni de la pénibilité… On n’arrête pas de demander des rendez-vous mais on n’est pas écoutés. Je suis atterrée car je ne pensais pas qu’on en arriverait là ! Arrêtez cette mascarade, si vous voulez que la ville soit propre", continue donc de marteler Véronique Dolot.
La Métropole affirme de son côté "avoir tendu la main à de multiples reprises" et dénonce, dans ce dialogue impossible, une volonté de "ternir l’image de notre territoire et prendre en otage l’ensemble des Marseillais".
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