Le rock furieux et viscéral de Lysistrata débarque avec fracas et en live au 6Mic d'Aix-en-Provence

Théo Guéneau, Ben Amos Cooper et Maxime Roy, les trois membres de Lysistrata.

Théo Guéneau, Ben Amos Cooper et Maxime Roy, les trois membres de Lysistrata.

Photo Emilija Milušauskaité

Aix-en-Provence

Le power trio de rock indépendant, étiqueté "post hardcore", revient après quatre ans d’absence, avec un nouvel album, "Veil", plus osé, plus réfléchi et plus pop, en concert jeudi 9 mai au 6Mic. Entretien.

À 20 ans à peine, les trois garçons Ben (batterie, chant), Max (basse) et Théo (guitare) de Lysistrata, originaires de Saintes, en Charentes, étaient apparus comme un Ovni musical en sortant coup sur coup deux albums de rock fracassant en 2017 ("The Thread") et 2019 ("Breathe In/Out"), déjà parfaitement maîtrisés et déjouant les étiquettes entre "emo", "math rock", "noise" et "posthardcore". Leur ouvrant d'emblée la porte des grandes scènes de France et des festivals d'Europe. Ils seront jeudi 9 mai au 6Mic, deux mois après la sortie de leur dernier album, "Veil", qui évoque le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Interview avec Théo Guéneau, le guitariste.

Pouvez-vous raconter la formation du groupe ?

Ça remonte à 2013. Ben et Max étaient voisins et se sont rencontrés vraiment jeunes dans la banlieue de Saintes. Je les ai connus à la fin du collège, Ben jouait déjà dans un groupe et je passais de plus en plus de temps chez lui. J'ai rencontré Max pour la première répète officielle de Lysistrata, un autre bassiste devait venir mais il n'est jamais venu et Max a pris sa place. Humainement on s'est tout de suite bien entendus et comme Ben est de culture anglaise il nous a fait découvrir plein de groupes.

Quels sont ces groupes qui vous ont inspiré ?

Ce qu'on écoute beaucoup et qui nous a toujours inspirés, c'est la scène américaine post-hardcore des années 90, qui ont une forme de radicalité comme Fugazi, un groupe indé de Washington, et tous les groupes des labels indépendants Dischord Records et Sub Pop. Plus récemment on a découvert des groupes comme Other Half avec qui on a joué à la Maroquinerie, ou encore Low ou Liars qu'on aime beaucoup.

En 2016 vous avez joué aux Transmusicales de Rennes. C'est là que vous avez décollé ?

Oui, il y a eu plusieurs choses qui nous sont tombées dessus, les Transmusicales, le prix Ricard Live Music. Mais en fait on tournait déjà pas mal, on a fait nos premiers concerts nous-même dès 16 ans et on avait 18 ans quand un tourneur nous a approchés et nous trouvait des dates dans toute la France. On a eu la chance d'être intermittents dès 18 ans !

Quatre ans se sont écoulés depuis votre deuxième album. Qu'est-ce qui s'est passé pendant ce temps ?

Le Covid est très bien tombé pour nous parce qu'on tournait vraiment beaucoup et on perdait un peu le sens, ça créait pour certains de la fatigue morale et on était plus toujours sur la même longueur d'onde. Quand le confinement a été annoncé on était en tournée, on est rentrés chez nous et on s'est rendu compte qu'on avait vraiment besoin d'une pause.

On s'est reposés, on a voyagé, on a essayé de prendre de la distance entre nous. On s'est presque perdus de vue à un moment, en traînant avec nos potes respectifs, puis on s'est retrouvés doucement, d'abord avec un projet de bande originale pour une série sortie sur Netflix, ensuite avec Park, l'autre groupe qu'on forme avec François de François and the Atlas mountains. Enfin on est revenus à Lysistrata différemment.

Pour ce nouvel album vous avez collaboré avec le producteur américain Ben Greenberg, qu'est-ce qu'il vous a apporté ?

Oui c'est la première fois qu'on fait ça et c'était un rêve de bosser avec ce gars, qui a bossé avec des groupes mythiques comme Metz, Algiers ou Dive. On s'est rencontrés à un festival de metal en Lituanie, le Devilstone, et lui jouait dans Uniform, un groupe archi-violent musicalement qu'on a adoré. Il s'intéressait vachement à nous, d'abord il nous faisait des retours à distance depuis les États-Unis, autant sur la compo que le mix ou la production. Il a un vrai regard, quand il est venu avec nous en studio, au Blackbox à côté d'Angers, il apportait une sérénité quand nous, on doutait. Il nous a permis d'aller au fond des choses, d'assumer beaucoup plus, c'était comme un psychologue.

Jeudi 9 mai, à 20 h 30, au 6Mic. 10 € à 16 €. Première partie : Kriegelstein.