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Mort de Bernard Pivot : "Le souvenir d'un être érudit mais jamais pédant", pluie de réactions et d'hommages

Par La Provence

Le journaliste et écrivain Bernard Pivot est décédé à l'âge de 89 ans

Le journaliste et écrivain Bernard Pivot est décédé à l'âge de 89 ans

Photo serge mercier

L'ancien animateur d’Apostrophes est décédé ce lundi 6 mai à Neuilly-sur-Seine à l'âge de 89 ans. Les hommages et réactions affluent dans les médias et sur les réseaux sociaux

Le journaliste et écrivain Bernard Pivot, qui a su passionner les Français pour les livres qu'il présentait à la télévision, a refermé lundi le livre d'une vie riche passée à interroger des écrivains de légende.

Le présentateur de la mythique émission littéraire d'Antenne 2 "Apostrophes" est mort à Neuilly-sur-Seine à l'âge de 89 ans, a annoncé sa fille Cécile à l'AFP.

Un livre à la main, sa paire de lunettes dans l'autre, il avait également présenté l'émission "Bouillon de culture" et organisé à partir de 1985 les Dicos d'or, championnat d'orthographe vite devenu international.

Bernard Pivot, lecteur aussi scrupuleux qu'il était brillant comme intervieweur, est s'est imposé au fil des ans comme une figure populaire bien au-delà du petit milieu parisien des lettres.

"Apostrophes", le vendredi soir, était regardée par plusieurs millions de téléspectateurs. Grands connaisseurs de la littérature ou modestes amateurs de livres, ils y appréciaient les traits d'esprit, les pensées frappantes de concision, les tirades lyriques ou les engueulades que Bernard Pivot savait susciter chez les auteurs invités.

Bernard Pivot, qui avouait sans peine ses limites comme écrivain, exerça ensuite son influence à l'Académie Goncourt. Entré en 2004, président en 2014, il s'en était retiré fin 2019.

Les autres académiciens lui savent gré d'une indépendance sans aucun compromis face aux grands éditeurs français. Sous sa présidence, les éditions du prix Goncourt en 2006 ("Les Bienveillantes" de Jonathan Littell) et 2010 ("La Carte et le Territoire" de Michel Houellebecq) restent dans les annales.

L’Académie Goncourt a fait par de sa tristesse dans un communiqué : "C'est avec tendresse, fraternité et émotion que nous garderons de lui le souvenir d'un être érudit mais jamais pédant, pour lequel la camaraderie, la bonne humeur et le bon vivre étaient des valeurs aussi importantes que l'excellence littéraire. À sa famille dans le deuil, nous adressons nos plus sincères condoléances et nos pensées bien affectueuses."

L'annonce de sa disparition a entrainé de vive réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux.

L'écrivain Frédéric Beigbeder, a réagi sur le plateau de CNews : "C'est un esprit, c'est la liberté, c'est la curiosité, c'est l'insolence. Ce qu'il avait comme qualité, c'est aussi l'humour, l'impertinence. J'ai eu la chance d'aller une fois dans une émission de Bernard Pivot, c'était Bouillon de culture, c'était en direct et c'était dangereux. C'était une émission très risquée parce qu'il vous envoyait à la figure tout ce qu'il pensait. Il lisait attentivement, il prenait des notes, il cornait les pages, il soulignait les phrases. Il faisait un travail titanesque et il faut le dire, car ce n’était pas un animateur de télé entouré de gens qui travaillaient à sa place."

L’animateur Stéphane Bern a exprimé sa tristesse sur X : "Tristesse Bernard Pivot, l'homme qui nous faisait aimer les livres tire sa révérence."

Le présentateur Nikos Aliagas à également réagi : "Ses émissions ont accompagné les Français pendant plusieurs décennies, la littérature rentrait dans nos salons par la petite lucarne à une heure de grande écoute. Il vivait pour les mots, la transmission et la culture. Il aimait le football et les bonnes tables. La dernière fois que je l'avais photographié fut en 2017 pour son ouvrage "La mémoire n'en fait qu'à sa tête". Paix à son âme."

"Il a fait entrer l'amour des mots dans le foyer de tous les Français", a écrit sur X, le maire de Marseille Benoît Payan.

"La culture et la langue françaises viennent de perdre un grand monsieur", a publié de son côté sur la plateforme la présidente de la métropole Aix-Marseille.


Jack Lang, l’ancien ministre de la Culture, a publié une série de tweets : "Il aura fait lire des millions de Français. Ses émissions de télévision étaient cultes. Il était un dévoreur de livres. Bernard Pivot avait la fureur de lire et il savait la transmettre aux autres. Son insatiable gourmandise des mots aiguisait en nous l'appétit irrésistible de découvrir les auteurs qu'il aimait. Bernard Pivot aura porté l'art incomparable de l'interview à la perfection sachant avec bienveillance, curiosité, vivacité et humour, faire accoucher de l'interviewé le meilleur de lui-même. Il est entré dans la légende."

L'écrivain Jacques Attali a fait part de sa gratitude et de son admiration et a republié un post évocateur et plein d'ironie que Bernard Pivot avait fait en 2016 : "L'habitude des radios de m'appeler à la mort d'un écrivain est si grande que, le jour où je mourrai, elles m'appelleront".


Emmanuel Macron lui a rendu hommage en fin de journée sur X : "Bernard Pivot restera ce passeur, populaire et exigeant, cher au cœur des Français".

"Apprendre à écrire avec ses Dictées, à découvrir livres et auteurs avec Apostrophes, à vivre avec l'esprit français, de conversation, de curiosité, de gourmandise", a par ailleurs écrit le président de la République.

D'autres responsables politiques de tous bords ont eux aussi salué sur X la mémoire du présentateur de la mythique émission littéraire d'Antenne 2 "Apostrophes".

A droite, le patron des Républicains (LR) Eric Ciotti a fait part de sa "vive émotion" en apprenant le décès de cet "immense personnage de la télévision et de la Culture".

La présidente LR de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a mentionné les "interviews malicieuses" et "les incontournables et piégeuses dictées" de cet "inlassable défenseur de la langue française".

Pour Marine Le Pen, la cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN), Bernard Pivot "restera dans nos mémoires comme un ardent défenseur de la langue française, nous léguant le devoir impérieux de la protéger et d’en assurer partout l’épanouissement".

"La France perd un grand amoureux des lettres et de la langue française", a renchéri la tête de liste du RN aux européennes Jordan Bardella.

Le patron des communistes Fabien Roussel a salué "un grand passeur de livres par le biais d'émissions ambitieuses diffusées à des heures de grande écoute". Avec son décès "se tourne une page de l'histoire du rapport de notre peuple à ce grand levier d'émancipation : le livre".

Du côté de La France Insoumise (LFI), Alexis Corbière a remercié M. Pivot, figure d'un "grand service public". "Comme des millions de personnes, enfant, ce sont ses émissions qui m'ont fait découvrir le vendredi soir, de nombreux auteurs et livres", a-t-il souligné.