Eaux minérales polluées : Nestlé assure avoir "intensifié la surveillance" de ses forages français
Par La Provence (avec AFP)
Le recours à des traitements interdits pour purifier les eaux minérales, reconnu lundi par le groupe Nestlé, est-il plus vaste? Cette pratique concernerait un tiers des marques en France, rapportent Le Monde et Radio France
PHOTO AFP / JOEL SAGET
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Un rapport de l’Agence de sécurité sanitaire dévoilé jeudi 4 avril par "Le Monde" et France Info, a révélé des traces de bactéries d’origine fécale, de pesticides et de polluants éternels dans les bouteilles de Perrier, Vittel, Contrex ou Hépar (groupe Nestlé).
Le géant de l'agroalimentaire Nestlé, propriétaire des eaux en bouteille Vittel, Perrier, Contrex et Hépar, a affirmé vendredi à l'AFP avoir "intensifié la surveillance" de ses forages français "sous le contrôle des autorités" pour garantir la qualité sanitaire de ses produits.
"On a intensifié la surveillance des forages sous le contrôle des autorités" et "chaque bouteille qui sort de nos sites peut être bue par les consommateurs en toute sécurité", a déclaré la présidente de Nestlé France, Muriel Lienau, dans un entretien avec l'AFP. En France, Nestlé est propriétaire des marques Vittel, Contrex et Hépar, puisées et embouteillées dans les Vosges, et Perrier dans le Gard.
Des traitements interdits
L'agence sanitaire française Anses a recommandé "une surveillance renforcée" des sites de captage d'eau du géant suisse en raison "d'un niveau de confiance insuffisant" dans "l'évaluation de la qualité des ressources", dans une note d'octobre révélée jeudi 4 avril par Le Monde et Franceinfo, dont l'AFP a obtenu une copie.
Cette note évoque notamment de "multiples constats de contaminations microbiologiques d'origine fécale" au niveau des captages. L'Anses avait été sollicitée par les agences régionales de santé (ARS) Grand Est et Occitanie - où se trouvent les captages - pour déterminer les mesures à prendre devant la "dégradation de la qualité des ressources" en eau du groupe.
En début d'année, le groupe a reconnu avoir utilisé, en France et en Suisse, des traitements de désinfection afin de "garantir la sécurité alimentaire" de ses produits. Or de tels traitements sont interdits pour prétendre à la qualification d'eau minérale naturelle.
Il est maintenant au défi de maintenir la qualité de l'eau tirée de ses captages, avec moins d'outils de traitement à sa disposition. Et ce alors que le dérèglement climatique perturbe la recharge des nappes et que la pression des activités humaines (urbanisation et gestion des eaux usées, utilisation de pesticides en agriculture...) reste forte.
Depuis trois ans, "toutes les modalités d'opération de nos sites ont été revues" pour se mettre en conformité avec la réglementation française, a expliqué Mme Lienau.
Ce "plan de transformation" des sites des Vosges (Vittel, Hépar, Contrex) et du Gard (Perrier) comprend un "renforcement des mesures de protection de l'environnement autour de nos forages", la suppression des traitements interdits, ou encore la "suspension de certains forages (...) qui ne permettaient pas de maintenir les caractéristiques essentielles de l'eau minérale".
Les mesures de contrôle de la qualité ont également été "renforcées", avec "plus de 1.500 paramètres" analysés chaque jour. Quant aux mentions dans le rapport de contaminations d'origine fécale, "elles peuvent concerner certains des forages qui ne sont plus en activité", a-t-elle affirmé.
Jeudi, après les révélations de presse, l'association de défense des consommateurs Foodwatch a estimé nécessaire de "rappeler les bouteilles et informer tous les pays importateurs".
Une enquête préliminaire pour tromperie est ouverte par le parquet d'Epinal à l'encontre de Nestlé Waters dans l'affaire du recours aux traitements interdits (désinfection par lampe UV, filtration sur charbon actif) pour purifier ses eaux minérales, à la suite des premières révélations du Monde et de Radio France en janvier.
Le géant des eaux n'est pas le seul visé par une enquête. Le groupe Alma, qui produit une trentaine de marques d'eaux en bouteilles en France dont Cristaline, Saint-Yorre et Vichy Célestins, a confirmé à l'AFP faire l'objet d'une "procédure judiciaire" portant "sur des faits anciens et isolés propres à certains sites de production", assurant que Cristaline n'était pas concernée.
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