Tomi Ungerer, la mine qui grince, au Festival du dessin d'Arles
Par Ludovic Tomas
Les affiches politiques de Tomi Ungerer sur la guerre du Vietnam.
Jérôme Rey
Arles
Dessinateur français trop souvent cantonné à son oeuvre pour la jeunesse, l'artiste disparu en 2019 fait l'objet d'une exposition hommage. L'occasion de redécouvrir un observateur acerbe des travers du monde.
Le grand public connaît surtout de lui ses livres pour enfants. Un genre quelque peu réducteur, même s'il y excelle, au vu de la carrière de Tomi Ungerer (1931-2019), à qui la deuxième édition du Festival du dessin rend hommage. Pour Frédéric Pajak, directeur artistique du festival, l'exposition consacrée à ce grand dessinateur français - ça aussi on l'a parfois oublié - révèle "un peu son jardin secret".
À la fin des années 50, ce Strasbourgeois s'installe à New York et devient un dessinateur de presse à succès. Son humour corrosif, s'indignant de l'absurdité du monde, fait mouche. De cette période, l'exposition installée dans la chapelle du Museon Arlaten retient notamment La jeune fille aux étoiles, évocation du drapeau américain transformé en boîte de conserve d'où apparaît le visage d'une femme blonde. Les États-Unis sont une inépuisable source d'inspiration chez Ungerer.
Tirée de son livre The Party, la série consacrée aux soirées mondaines de la haute société livre une satire implacable d'une élite dégoulinante de snobisme. Visages monstrueux ou animaliers, la laideur physique des personnages, particulièrement osée, dépeint une forme d'obscénité sociale. Le dernier dessin, légendé "Retour au vestiaire, car la soirée est terminée", montre des convives qui ne sont que des bustes fantomatiques tenus par des valets de chambre. D'un autre registre graphique, les affiches politiques d'Ungerer contiennent la même force de dénonciation.
Au-delà de son célèbre Black power/White power, en une du magazine Monocle en 1964, ce sont celles qui fustigent la cruauté de la guerre du Vietnam qui expriment avec le plus de véhémence la colère de l'artiste. Ici, un avion largue bombes et paquets cadeaux. Là, un enfant vietnamien gavé à la manière d'une oie avec la statue de la liberté sous l'injonction "Eat" (Mange).
Résurgences, sans doute, de l'enfance du dessinateur, contemporaine de l'annexion de son Alsace natale par les nazis. Comme les dessins extraits de son Livre noir révèlent ses préoccupations écologistes correspondant à sa nouvelle vie dans la campagne irlandaise où il s'est définitivement installé dans les années 70.
Également adepte du collage (livres Schnipp Schnapp et Horrible), Ungerer use de cette technique pour critiquer la société de consommation et d'abondance, créatrice de besoins factices, de loisirs superflus et de progrès illusoire. Mais ne peut s'empêcher d'insuffler un vent de poésie, transformant des feuilles végétales en oreilles d'éléphant ou squelette de poisson.
Dans les dessins de la série Es is, wie es ist, le cadran de l'horloge est omniprésent. Et la vie de devenir une course contre la montre dont on ne choisit pas toujours la vitesse ni la cadence voire le sens. Quand, dans The underground sketchbook, le dessinateur illustre une société qui manipule, détourne des plaisirs simples de la vie. Sans doute le socle de la pensée ungererienne.
Jusqu'au 19 mai au Museon Arlaten, tous les jours de 10 h à 18 h (fermé le 1er mai et le lundi). Informations sur le site festivaldudessin.fr
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