Classes bilangues : le cursus conforté en Paca

Najat Vallaud-Belkacem a dévoilé hier sa "stratégie langues" dans le cadre de laquelle, à la rentrée 2016 en France, 1 200 écoles supplémentaires proposeront une langue autre que l'anglais.

Najat Vallaud-Belkacem a dévoilé hier sa "stratégie langues" dans le cadre de laquelle, à la rentrée 2016 en France, 1 200 écoles supplémentaires proposeront une langue autre que l'anglais.

Ph. maxppp

La carte des langues des académies de Nice et Aix-Marseille sera peu modifiée

Non il ne s'agit pas d'un "rétropédalage". Le message de la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem était clair hier, en marge de la présentation de sa "stratégie langues vivantes" qui traite notamment des fameuses classes bilangues. Initialement dans le collimateur de la ministre, elles sont finalement bien souvent maintenues, en particulier dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, où 90 % d'entre elles devraient être conservées. "Le message est clair ; on ne peut conserver les classes bilangues telles qu'elles existent aujourd'hui", martèle le service de presse du ministère. Autrement dit les classes suspectées de ne servir qu'à contourner la carte scolaire et à éviter la mixité sociale seront supprimées, mais celles qui s'inscrivent dans une continuité avec l'apprentissage d'une langue autre que l'anglais dès le primaire, ou celles qui sont ancrées dans les zones d'enseignement prioritaires seront maintenues. En fait, ce sont les rectorats et les inspections académiques qui ont eu la lourde tâche de trancher, à partir des directives ministérielles. "Nous avons mené un travail très fin pour examiner au cas par cas et évaluer la plus value apportée par chaque classe bilangue en fonction de différents critères ; le nombre d'élèves, la mixité sociale..." souligne Rachida Dumas, inspectrice académique et inspectrice pédagogique régionale en charge de la carte des langues à Aix-Marseille. Sur ce territoire (Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Alpes-de-Haute-Provence et Hautes Alpes), "il existe une tradition de développement des classes bilangues notamment avec l'allemand, nous avons mis en place assez tôt un processus d'adossement" poursuit la fonctionnaire. Dans l'académie 262 écoles proposent ainsi une autre langue que l'anglais pour 193 collèges disposant d'au moins une classe bilangue dont 44 en éducation prioritaire. D'ici la rentrée 2016, 4 écoles supplémentaires s'inscriront dans ce dispositif, tandis que "seulement" 10 % des classes bilangues au collège devraient disparaître, bien moins que dans d'autres académies comme Lille où les associations annoncent 60 % de suppressions. "Celles qui seront supprimées devaient de toutes façons l'être ; quand l'effectif est peau de chagrin, c'est-à-dire moins de 10 élèves, on ne conserve pas la classe" insiste Rachida Dumas rappelant qu'à Aix-Marseille ces classes-là ont été confortées par la création d'un parcours linguistique dès le primaire ; le plus souvent par l'enseignement de l'allemand, mais aussi de l'italien, de l'arabe, de l'espagnol et du russe. "Il y a eu une classe bilangue provençal mais elle a été supprimée car elle ne marchait pas."

Pour la FCPE, c'est donc "un moindre mal, puisqu'on s'attendait au départ à une suppression pure et simple", note Michel Vincent président de l'association de parents d'élèves dans le Var dont l'académie de Nice compte 129 écoles (6 de plus l'année prochaine) et 103 collèges inscrits dans le dispositif. Mais la réforme du collège dans son ensemble continue d'inquiéter. Outre la modification du nombre de classes bilangues, le ministère prévoit ainsi d'avancer l'enseignement de la deuxième langue vivante (LV2) de la 4e à la 5e, soit 54 h de cours supplémentaires de LV2 pour les collégiens, sans oublier la pratique d'une langue dans le cadre des projets interdisciplinaires. "Mais avec quels moyens ?" interroge le père de famille du Var "Il faut que les classes puissent être dédoublées car s'il y a des choses intéressantes dans la réforme, à 30 ce n'est pas possible".

Cette professeur d'espagnol devra ainsi enseigner à 8 classes au lieu de 6, sur un quota identique de 18 h, mais avec forcément un surcroît de travail. "On doit se battre sur tous les fronts et le fond du problème c'est quand même les moyens or nous ne connaissons même pas encore notre dotation horaire de l'année prochaine", analyse l'hispanisante, dubitative sur la nécessité de renforcer les langues "alors qu'il y a un problème de niveau de compétences en maths et en français, qu'il aurait été judicieux de conforter".


Appel à la grève mardi

Alors que le rectorat doit dévoiler davantage la carte des langues lundi soir, 4 organisations syndicales appellent à la grève mardi au sujet de la réforme des collèges. "On parle beaucoup des classes bilangues mais pour nous ce n'est pas le point le plus important." souligne Jean-François Negri enseignant à Marseille et adhérent de Sud "il y a un ras-le-bol, une perte de sens avec des annonces successives mais sans moyens alloués. La posture pédagogique ne suffira pas à répondre aux problèmes".